Lors d’une consultation en haptonomie, la pratiquante a posé ses mains sur mon ventre, doucement, à l’écoute,… Elle a souri et m’a dit : « Je ressens une grande paix ».
C’était bien ce que je ressentais en ta présence…Elle l’avait perçu tout comme moi…
Pourtant cette grossesse avait été différente de la première :
Un petit bébé arrivé par surprise, quelques jours de panique : « Oh là là, mais je devais recommencer à travailler, comment allons-nous faire financièrement ? » « Pas question de mettre mon bébé à la crèche. » « Et Eden, elle est encore si petite ! Elle a tant besoin de moi ! ». Mais très vite l’amour avait pris le dessus sur nos appréhensions.
Même si, côté pratique, ce n’était pas évident : J’évitais de porter Eden. Heureusement, à 3 ans et demi, elle pouvait monter et descendre les escaliers seule. Je ne parvenais plus non plus à lui donner le bain.
Pour les câlins aussi ce n’était pas très pratique avec mon gros bidon. Eden qui a tant besoin de tendresse. Beaucoup de nos gestes et de nos habitudes ont été perdus…
Et puis il y a l’allaitement que nous n’avons pas pu continuer en raison des douleurs et du tarissement du lait, liés à la grossesse.
Un grand déchirement pour Eden et moi…
Pas facile non plus de trouver du temps pour penser à toi petit bébé, avec déjà Eden dont je m’occupais à plein temps (puisqu’elle ne va pas à l’école).
Et pourtant nous t’aimions déjà tant ! Une deuxième fille, quel bonheur !!! Dès que j’en avais la possibilité, je te parlais en pensée ou à voix haute en te caressant. Eden aussi te parlais parfois, elle te susurrait des petits mots doux, des petits « Je t’aime petit bébé » ou alors quelquefois elle se fâchait aussi : « Dis bébé, tu peux pas voler mon lait parce que je me fâche sinon ! ». Courageuse petite Eden…
La naissance approchait… Je souhaitais de tout mon cœur te donner la vie à la maison.
Quel chemin de croix. Il y a si peu de sages-femmes qui pratiquent les naissances à domicile. Quel dommage ! Quelle belle aventure pourtant!
Après avoir contacté toutes les sages-femmes libérales du sud de la Belgique et n’avoir essuyé que des refus, désespérée, j’en ai parlé à Brigitte, la sage-femme libérale qui m’avait accompagnée pour la naissance de ma 1ère fille (mais qui n’accompagnait plus de naissances à domicile). Après un long délai de réflexion, elle a finalement accepté. Quelle joie ! Quel soulagement ! Quel bonheur !
Pour cette deuxième grossesse, j’étais plus expérimentée. Lassée par la surmédicalisation de la grossesse, j’ai effectué 3 ou 4 prises de sang mais j’ai refusé les autres. Je n’ai pas non plus effectué le test du glucose, qui n’est de toute façon pas fiable. J’ai préféré simplement limiter ma consommation de sucre, ce qui me semblait plus logique.
Ta naissance était prévue pour le 3 mars. Mais les jours passaient… et toujours rien…
Me couper du reste du monde.
Pour trouver la paix…
Et pouvoir te donner la vie…
Eteindre mon Gsm durant 3 jours, pour ne pas subir l’impatience, l’excitation et souvent la maladresse de l’entourage…
Favoriser l’ocytocine, la détente, la paix, l’amour… propices à la naissance… Pour pouvoir t’accueillir enfin …
Et c’est alors que…
Quelques contractions… irrégulières encore…mais déjà bien présentes…
Mon mari me fait couler un bain et s’occupe d’Eden. Je me plonge dans mes lectures… moment de calme, de relaxation… cela m’arrive si peu souvent… je savoure… Je pense à toi mon bébé, viendras-tu aujourd’hui ? Le temps s’écoule lentement.
Une heure plus tard, en sortant du bain, les contractions sont régulières, toutes les 10 minutes.
A 23h40, nous appelons Brigitte qui vient, constate que je suis affairée à ranger… et me dit : « Tu n’es pas encore en travail. Prends un bon bain ou va dormir, comme tu préfères ». En vérifiant mon col, elle constate que je suis seulement à 2 cm d’ouverture et que mon col est plat. (Cela n’a pas progressé par rapport à notre vérification effectuée quelques jours auparavant). Je suis déçue !
Je décide d’aller m’allonger. Il est tard. Je préfère prendre des forces, si cette naissance prend du temps… Mais bon, les contractions se font quand même bien sentir et je ne parviens pas vraiment à me reposer.
Eden, quant à elle, a trouvé le sommeil. Je suis rassurée. J’espère qu’elle restera endormie durant la naissance, je n’ai pas envie de devoir appeler quelqu’un pour s’occuper d’elle… J’ai besoin de calme et de solitude, propices à la naissance…
Je me sens bien chez moi, à la maison, je suis heureuse et détendue, j’ai le sentiment que c’est ici que je dois être… Durant une des contractions, je me concentre sur mes sensations intérieures en repensant à ce que j’ai lu à propos des naissances orgasmiques… Je pense que c’est en effet possible malgré l’intensité… Je ne continue pas mon expérience plus loin.
En une fois, les contractions deviennent plus intense, désagréable même et les contractions se rapprochent, toutes les 5 minutes. Je tente de trouver une position qui pourrait me soulager sur le ballon que Brigitte m’a prêté, en soufflant lentement « fffffffffff ». Waw, c’est costaud !! Heureusement qu’une contraction, ça ne dure pas très longtemps ! On parle des « vagues de la naissance » qui s’en vont et s’en viennent… Et bien ici, on pourrait plutôt parler d’une jolie petite tempête en mer ! Ah ah.
Je demande à Greg d’appeler Brigitte, il est 02h30 du matin. Elle répond qu’elle arrive.
En attendant Brigitte, cela devient encore plus intense !!
Je choisis de m’allonger sur le côté, sur mon lit. Je souhaitais accoucher agenouillée mais je ne le pressens plus trop finalement…
Et soudain, durant une contraction, je sens en une fois, comme une « descente ». C’est la tête de mon bébé qui fait une grande avancée dans mon corps… (dix centimètres ?? C’est dur à dire), avec en même temps, un écoulement… c’est la poche qui vient de se rompre. C’était rapide et très fort comme sensation !
Brigitte arrive, mon mari descend pour lui ouvrir la porte… Ils font tout doucement pour ne pas réveiller Eden.
J’entre dans ma poussée, c’est tellement intense et ce cri qui gronde dans ma gorge. Cet appel de la vie. Je sens mon bébé pressé de sortir à toute vitesse. Si proche de la rencontre !
J’entends Greg et Brigitte trotter dans les escaliers, ils ont dû entendre quelque chose. Je rirais bien si ce n’était pas si intense ! Brigitte arrive à toute vitesse. Je sens la tête de mon bébé à l’entrée de ma vulve. Il a été si vite pour me traverser ! C’est un petit bébé bien pressé de me rencontrer !
Je demande : « Est-ce que vous voyez sa tête ? ». « Oui » me dit Brigitte, « Fais doucement, pense à ton périnée ! »
J’attrape la main de Greg, je la serre fort. Je souffle et tente de retenir le plus possible, mais c’est difficile face à cet appel impérieux de la vie, et, dans une poussée ralentie, je sens tout le petit corps de mon bébé glisser hors de moi.
Mon mari est là pour l’accueillir de ses mains, complètement perdu, totalement surpris, on est si bouleversé à l’arrivée d’un nouveau-né. Encore plus avec une naissance aussi rapide… Brigitte est là pour l’aider.
Mon bébé est déposé sur mon ventre, tout chaud et humide et si calme, si paisible… Enfin te voilà, mon ange, mon amour, mon Olympe, mon bébé bonheur ! Pardonne-moi d’avoir douté… Je suis ta maman et je t’aime…
Nous passons des heures en peau à peau, à te sentir, te découvrir, te caresser … Quelle merveille ! Tu es parfaite. Je pourrais te contempler des heures durant…
Justine, la seconde sage-femme, arrive finalement. Brigitte vérifie mon périnée. Je n’ai qu’une mini déchirure qui se réparera d’elle-même. Le placenta glisse au dehors dans une petite poussée. Les sages-femmes vérifient qu’il soit bien entier. Nous le conserverons pour le rituel de l’arbre. Le cordon ne bat plus, il peut être coupé. Tout est parfait. Après avoir vérifié qu’Olympe se portait bien, Brigitte et Justine s’éclipsent discrètement.
Olympe n’aura pas été séparée, pesée, mesurée, manipulée, habillée… Olympe est restée blottie dans les bras de sa maman, en peau à peau durant des heures, bien au chaud sous une couverture moelleuse, contre les battements de mon cœur, paisiblement, sereinement, dans la douceur de son foyer. C’est à ça que devraient ressembler les premiers instants de tous les enfants du monde…
Nous savourons les premières heures de vie de notre bébé dans note cocon familial.
Au petit matin, vers 8heures, Eden se réveille : « Papa, maman, je suis réveillééééée ! ».
Greg va la voir dans son lit… Après quelques minutes, elle entend un petit cri de sa sœur… Surprise, elle écoute… Elle rit de bonheur… Elle vient voir dans notre chambre… Elle rit de plus belle. Je pleure de joie, mes bébés, mes amours, notre nouvelle vie à quatre peut commencer.
Durant les 3 jours suivants, je me repose dans mon lit douillet et me laisse gâter par mon mari. Eden vient nous câliner quand elle en a besoin. Nous faisons des petits jeux sur le lit. Je lui raconte ses histoires préférées. Elle observe sa sœur.
Je me repose bien dans mon lit aux côtés de mon bébé qui ne me quitte pas une minute. Quel bonheur d’être à la maison ! Mon mari me gâte, ma maman m’apporte de bons petits plats. Brigitte vient nous voir tous les jours afin de vérifier que tout aille bien. L’allaitement se met en place tout naturellement. Pour les visites, nous prenons notre temps, rien ne presse, bébé aura toute sa vie pour découvrir le monde, mais en ce moment, il peut bien attendre.
Mon petit bébé, mon petit soleil, mon bébé bonheur. Sois le bienvenu dans ce monde !